La puissance de la reconnaissance

Sébastien Martel
il y a 3 jours
5 min de lecture

Un sujet fort aujourd'hui, puissant émotionnellement, réconfortant mais aussi bouleversant par moment et notamment, dans l'exercice qui est, avec un immense plaisir encore, une visualisation.

Mais tout d'abord, allons voir un outil qui m'a apporté tellement de clarté sur mon fonctionnement et celui des autres que je me réjouis ici de t'en souffler une partie.

Les signes de reconnaissance selon Eric Berne : un outil puissant pour comprendre nos comportements

Dans cet article, je vais aborder un outil qu’Eric Berne, fondateur de l’Analyse Transactionnelle, nous a offert : les Strokes (ou signes de reconnaissance).

Comme dans tous mes article, je l’intègre dans une vision plus globale, avec la cohérence de toujours : nous permettre de prendre conscience de nos fonctionnements, de mettre une petite distance avec eux, et ainsi agir plus librement.

Qu’est-ce qu’un signe de reconnaissance ?

Selon Eric Berne, un signe de reconnaissance est une manifestation par laquelle on reconnaît l’existence de l’autre. Cela peut être un mot, un regard, un geste, un compliment, une caresse, mais aussi une critique ou un reproche.

En résumé : c’est toute forme d’attention, positive ou négative, que l’on reçoit ou donne.

Si on regarde la pyramide de Maslow (voir schéma), on constate qu’une fois nos besoins vitaux comblés (manger, boire, avoir un toit), d’autres besoins apparaissent. Parmi eux, la reconnaissance est essentielle… et pourtant souvent mal perçue.

On hésite parfois à complimenter, par peur de flatter ou de « faire gonfler les chevilles » (en Belgique, il paraît qu’on dit gonfler « le cou » !). Ce sont des images qui, sans qu’on y pense, limitent l’expression d’une énergie pourtant vitale. Nous verrons à quel point, le regard de l'autre et la peur nous privent d'un cadeau magnifique.

Une expérience parlante : les trois souris

Une expérience sur trois souris illustre bien ce point :

• Souris A : bien traitée, nourrie, caressée, entourée d’attention et de signes de reconnaissance positifs.

• Souris B : nourrie mais maltraitée, insultée, avec de petites décharges électriques (sans danger mortel).

• Souris C : nourrie mais totalement ignorée, sans contact ni avec d’autres souris, ni avec des humains.

À ton avis, laquelle est morte en premier ?

Résultat :

1. La souris C (ignorée) est morte en premier.

2. Puis la souris B (maltraitée).

3. La souris A (choyée) a vécu le plus longtemps.

La conclusion est claire : il vaut mieux recevoir de la reconnaissance positive que de la négative ou que pas de reconnaissance du tout.

Mais ce qui est intéressant à remarquer c’est qu’il vaut mieux recevoir de la reconnaissance négative que pas de reconnaissance du tout.

Et c’est là qu’on comprend énormément de comportements :

L’enfant qui, faute d’obtenir de l’attention positive (« Regarde mon dessin ! »), finit par provoquer — casser un verre, frapper, ou peindre les murs de sa chambre — pour obtenir une réaction, même négative. Ce mécanisme se retrouve aussi chez l’adulte : provocation, moquerie, comportements agressifs… pour exister aux yeux des autres.

La reconnaissance comme ressource vitale

Recevoir un compliment sincère, une prime, un cadeau, un message d’amour, une reconnaissance professionnelle… et on se sent pousser des ailes.

La puissance de la reconnaissance positive est incroyable. Mais attention : attendre cette reconnaissance uniquement de l’extérieur crée une dépendance.

Être libre, c’est aussi apprendre à se donner soi-même de la reconnaissance. Car si nous en sommes incapables, nous restons prisonniers de ce besoin vital, dépendants du positif… ou du négatif. C’est ce qui explique en partie, par exemple, pourquoi certaines personnes maltraitées restent auprès de leur bourreau : elles reçoivent malgré tout un type de reconnaissance.

Aussi, qui ressent l'émotion quand un cadeau de la vie nous arrive ? C'est nous ! Ça se passe à l'intérieur de nous. Et tu l'as compris, ici, tout ce qui se passe à l'interieur de nous est en notre pouvoir. L'extérieur peut stimuler chez nous ces états mais... nous verrons tout à l'heure que cet état peut naître de nous et par nous.

Les degrés de reconnaissance

Tous les signes de reconnaissance ne se valent pas en intensité.

• Les positifs simples : dire bonjour, appeler quelqu’un par son prénom, accorder un regard, une attention.

• Les compliments : conditionnels (« C’est bien, parce que… ») ou inconditionnels (« J’apprécie qui tu es »). Les conditionnels sont souvent plus facilement acceptés car justifiés.

• Les négatifs : insultes, reproches, gestes violents. Et paradoxalement, ils ont souvent plus de “quantité” énergétique que les positifs.

Un exemple vécu :

Lors d’une formation, mon mentor m’a joué un rôle devant tout le groupe. Il a commencé par critiquer mon travail de façon insistante. Même en sachant que c’était un exercice, je sentais mon état interne se dégrader. Puis il m’a dit que ce n’était pas vrai, qu’il était content de moi… mais mon visage restait fermé. Ce n’est que lorsqu’il m’a fait un geste affectueux (un bisou sur la joue) que mon état a vraiment changé.

Moralité : les gestes puissants et sincères ont un impact énorme, plus qu’une série de paroles et surtout, pour renverser l’effet d’une reconnaissance négative, il faut mettre en face une reconnaissance positive plus puissante.

En résumé

• La reconnaissance est vitale : mieux vaut une reconnaissance négative que pas de reconnaissance du tout.

• La reconnaissance positive est la plus puissante lorsqu’elle est sincère et inconditionnelle.

• Se donner soi-même de la reconnaissance permet de ne pas dépendre entièrement des autres.

Alors, au quotidien, pourquoi ne pas chercher des occasions sincères de donner de la reconnaissance autour de nous. C’est comme offrir du pain : ça nourrit et diffuse énormément d’énergie positive et un effet papillon vertueux. Oui, c'est pas toujours facile, on se sent plus à l'aise, à l'image des garçons dans la cours de "récré", pour embêter les filles et inversement. On va, plus facilement (surtout avec le "sois fort" qui drive derrière) dire à quelqu'un qu'il est con pour lui faire comprendre qu'on l'aime...

Et, dans la logique de l’inclusion dont je parle dans mon article précédent, chaque reconnaissance positive que nous diffusons crée une onde qui se propage, impactant d’autres « vagues » autour de nous.

Pour qu’elle soit réellement puissante, il est essentiel selon moi qu’elle soit gratuite et n'attendre rien en retour. Et même si ces techniques sont utilisées en management pour booster les équipes, je le redis, elles deviennent une expression naturelle de soi-même lorsque que nous sommes alignés mentalement, physiquement, émotionnellement et énergiquement avec la vie dans une logique inclusive.

Notre monde a plus que jamais besoin d'amour !

Voici donc un cadeau à experimenter sans être dérangé et en prevoyant un peu plus que les 8mn que dure la visualisation. Pour émerger tranquillement.

Installe-toi assis, le dos bien droit contre un mur ou sur une chaise, les membres décroisés et si possible les mains orientées vers le haut, relâchées et posées sur les accoudoirs ou sur les jambes. Dépose tes lunettes et assure toi de ne pas être dérangé. En écoutant au casque, ton experience immersive sera décuplée.