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Le deuil : une traversée intérieure

Dernière mise à jour : il y a 3 jours


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J’aurais presque pu commencer ce blog par un article sur le deuil. Car même si chacun de nous porte en lui des deuils – plus ou moins grands, plus ou moins conscients – certains, encore très présents et douloureux, peuvent agir comme un frein à l’intégration de certains outils que je partage ici.


Par exemple, certains outils mentaux peuvent être confondus avec une forme prématurée de « relativisation », et devenir, sans le vouloir, un moyen de refouler les émotions. Ce serait alors contre-productif sur le long terme.


Je me souviens très bien d’un exemple partagé par un de mes mentors lorsque je me suis formé à l’accompagnement du deuil. Je te le raconte plus bas, car il incarne avec force et humanité les différentes étapes que nous pouvons tous traverser, parfois de manière très subtile.


Connaître ces étapes permet de mettre de la conscience sur ce qui se vit à l’intérieur de nous. Non pas pour relativiser ou fuir l’émotion, mais au contraire, pour la traverser en pleine conscience et poser les actes justes, au bon moment.


Il est important de se rappeler que certaines épreuves peuvent être vécues comme des deuils pour les uns, mais pas nécessairement pour les autres. Perdre un objet précieux, abandonner un rêve d’enfance, ou accepter qu’on ne deviendra jamais pilote de ligne, peuvent susciter une douleur aussi intense que la perte d’un proche — et parfois même plus. Le deuil n’est pas hiérarchisable, il est profondément personnel. Ce n’est pas la nature de la perte qui compte, mais ce qu’elle représente pour la personne qui la traverse. D'ailleurs, pour ouvrir l'outil à des utilisations plus vaste, sache qu'on peut faire le deuil d'idées du type, 'je fais le deuil que les autres ne sont pas comme moi", "je fais le deuil qu'une amie ne soit pas celle que je pensais...". l'outil est très puissant dans ce genre de situations.



🔹 Les 9 étapes du deuil


Ce modèle n’a pas un auteur unique mais s’inspire de plusieurs approches : psychologique, humaniste, spirituelle… Il complète les modèles classiques (comme celui de Kübler-Ross) en ouvrant à une transformation plus profonde.



1. Déni / Refus


“Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas possible.”


C’est le premier réflexe de protection face au choc ( le choc est plus ou moins conscients parfois et ça rend certains deuils difficiles à faire puisqu'ils n'ont pas d'élément déclenchant suffisamment net et perceptible) .

C’est l’amoureux qui continue de chanter sous le balcon de celle qui l’a quitté.

Ou les parents qui conservent intacte la chambre de leur enfant disparu.

Celui qui continue à vouloir faire changer les autres...


On se rend vite compte que pour passer à l’étape suivante, il faut d’abord passer pleinement par reconnaitre celle en cours.



2. Réalisation/acceptation


“Je me rends compte que c’est fini…”


Les faits s’imposent. Une lucidité émerge : c’est terminé.

Même si on fait parfois des allers-retours entre les étapes, cette prise de conscience est déjà un tournant.


Être capable de dire : « je suis encore dans le déni » ou « je suis en train de réaliser » est en soi un pas énorme vers la "guérison" ou plutôt la libération.



3. Colère


“Pourquoi ? C’est injuste !”


La douleur cherche à s’exprimer. Elle sort souvent sous forme de colère : contre soi, les autres, la vie ou même la personne perdue.


🗣️ L’émotion a besoin de sortir. Comme une nourriture qu’il ne faut pas garder trop longtemps à l’intérieur.

Il existe mille façons de la libérer.

J’encourage souvent l’écriture, mais pas en douceur ! En y mettant la puissance émotionnelle brute.

Et dans les ateliers, je donne des autorisations explicites pour que cette étape soit vécue sans retenue.

Je reparlerai de differents moyens de libérer les émotions dans un prochain article.



4. Tristesse


“C’est fini… Je suis seul(e).”


Une profonde vague de mélancolie ou de vide surgit souvent après l’expression de la colère.

Mais chez beaucoup, cette étape reste bloquée, car la colère n’a pas été exprimée.


Quand la colère est vécue jusqu’au bout — hurler dans un coussin, taper dans un oreiller, crier dans la voiture — alors, les larmes montent naturellement. Et c’est libérateur.

Bien sûr, les larmes mais aussi les mots, une peinture, un poème...



5. Peur


“Et maintenant, que va-t-il se passer ?”


Une fois que le vide est là, vient souvent la peur : qui suis-je sans cette personne, ce rêve, cette situation ?


C’est un moment pour prendre soin de soi.

Écrire, chanter, peindre, méditer, marcher, créer… peu importe.

Mais exprimer en douceur, prendre soin de soi. Et nourrir son propre espace intérieur.



6. Relativisation


“Il y a peut-être du sens, des leçons à en tirer.”


Cette étape est souvent celle que l’entourage veut nous faire vivre trop tôt :


“Tu verras, le temps arrange tout.”

“Tu vaux mieux que ça.”

“Une de perdue, dix de retrouvées…”


⚠️ Si on saute les étapes, cette relativisation devient du refoulement. Elle peut figer la douleur dans le corps ou l’inconscient, et limiter la croissance future.

Comme pour les étapes suivante, même si on en est conscient et qu'on peut même les déclencher, elles sont sensées arriver naturellement si la précédente est "débloquée".



7. Pardon


“Peu à peu, quand les émotions s'estompent, il s'installe naturellement à l'interieur...”


Le pardon peut sembler impensable, surtout dans certaines situations.

Mais quand il arrive vraiment, il ouvre un espace immense de liberté.


Il ne s’agit pas d’excuser ou de minimiser, mais de se libérer intérieurement.


Si les étapes précédentes ont été bien traversées, le pardon vient naturellement. Ce n’est pas un effort mental.



8. Remerciement


“Merci pour ce que cette expérience m’a apporté.”


Cela peut paraître fou. Mais un jour, on peut se surprendre à dire :


“Avec le recul, c’était peut-être la meilleure chose qui pouvait m’arriver.”


Pas par naïveté. Mais parce que quelque chose de plus profond s’est révélé à travers l’épreuve.

La gratitude devient alors une reconnaissance du chemin, de ce qu’on a traversé, et de ce qu’on est devenu.



🔹 Une histoire vraie


L’histoire que m’avait raconté mon mentor m’a bouleversé.

Celle d’un sportif handisport, médaillé aux Jeux paralympiques.


Le jour de sa victoire, il raconte publiquement comment il en est arrivé là.

Un chauffard ivre lui avait sectionné les jambes.

• Le déni, très court : en se réveillant, il constate l’absence de ses jambes.

• Puis la colère : il s’engage dans des associations contre l’alcool au volant pendant des mois...

• Ensuite, la tristesse, mêlée de peur : “Que vais-je devenir ?”


Petit à petit, il traverse les émotions. ensuite, Il commence à relativiser : “Je suis vivant, je peux encore faire du sport.”

Il est entouré. Il choisit de vivre.


Et, quelques années plus tard, lors de son discours à la remise de médailles :


Il raconte les étapes et finalement, le moment touchant voire même bouleversant arrive.

Il pardonne au conducteur.

Et va même jusqu’à le remercier !


Non pas pour excuser l’acte.

Mais parce que cet événement lui a ouvert une voie qu’il n’aurait jamais empruntée autrement.

Il a pris conscience profondément et par la force des choses que son identité ne se limite pas à ses jambes. Ce sont les comparaisons qui nous enferment.

Et que si plus personne n’avait de jambes sur Terre, il serait tout à fait “normal” ?

Ce tragique accident l'a emmené vers encore plus de liberté qu'il n'en avait avant. Une liberté mentale.


Oui, je sais, ça peut paraitre impensable vu de ta position surtout si tu as encore tes jambes... car tu n'es pas encore passé par les étapes qu'il a du traverser. Ce sont ces étapes "forcées" qui l'ont conduit à voir de plus haut, plus haut que la perspective qu'il avait de la vie avant cet accident. Ceux qui ont "terminé" de grands deuils (à leurs yeux) ont souvent une aura, un recul, une vision de la vie finalement beaucoup plus sereine.



Et toi, où en es-tu ?


Voici un exercice simple pour intégrer cet article dans ta vie.

1. Identifie une ou plusieurs situations passées ou présentes dans lesquelles tu ressens un deuil :

• Perte d’un être cher

• Rupture

• Fin d’un rêve ou d’une période de vie

• Départ, changement, transformation…


2. Place-toi dans les étapes listées ci-dessus.

-> Où te situes-tu ?

-> Quelles émotions sont encore là ?

-> As-tu sauté une étape ? Refoulé une autre ?


3. Que vas tu faire à présent par rapport à ce deuil ? Q'est-ce qui pourrait t'aider à traverser l'étape dans laquelle tu es vis à vis de ce deuil ?



Bonne lecture et bonne pratique surtout !!!!


Si tu te reconnais mais que tu sens que ça bloque encore :



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Encore merci merci!! 🙏😍

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Avec grand plaisir !

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