Et si écouter vraiment changeait tout ?
- Sébastien Martel
- 5 août
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 3 jours

Changer quelques habitudes simples peut nous révéler à quel point notre mental est puissant… et souvent limitant.
Plutôt que de nous guider vers ce qui serait juste ou bénéfique, il nous pousse régulièrement à agir sous l’impulsion de réflexes, d’automatismes, ou de schémas inconscients.
Pendant plusieurs années, j’ai eu l’opportunité de coacher du personnel hospitalier, et notamment des équipes ayant accompagné des patients en fin de vie. Ces ateliers m’ont profondément marqué. Travailler sur l’écoute active dans ce contexte m’a permis d’observer une chose fascinante : à quel point il est difficile pour chacun d’écouter vraiment, sans interpréter, sans commenter, sans ramener à soi.
Et pourtant… que d’enseignements dans cette posture. Bien plus que tu ne peux l'imaginer.
Un exemple vécu : écouter vraiment, sans vouloir corriger
Un jour, j’animais un atelier auprès d’un groupe de soignants. Je leur proposais un jeu de rôle, à la fois simple et profond. J’incarnais un vieux monsieur, assis au bord de son lit, regardant par la fenêtre. À voix basse, mais suffisamment fort pour être entendu, je glissais cette phrase :
« Je déteste les fêtes de Noël. Jamais personne ne vient me voir. »
Puis, je demandais au groupe :
“Qu’est-ce que vous auriez dit ou fait dans cette situation ?”
Je vous propose de faire pareil, là maintenant. Prenez quelques secondes. Imaginez.
Qu’auriez-vous répondu ? Quelle aurait été votre réaction ?
Dans le groupe, les réponses ont commencé à fuser, avec toujours de très bonnes intentions :
• « Si vous voulez, on peut appeler vos enfants. »
• « Vous savez, moi je peux venir vous voir. »
• « Vous savez, en vieillissant, les enfants font leur vie… Ils ne se rendent pas compte, mais au fond, ils vous aiment. »
• Ou encore : « Moi aussi, mes enfants ne viennent que quand ils ont besoin. »
Toutes ces réponses cherchaient à réconforter, corriger, alléger la souffrance.
Puis une soignante a pris la parole. Ce qu’elle a dit a figé la pièce. Un instant suspendu. Puissant.
« Moi… je m’assois à côté de lui, je regarde la fenêtre comme lui… et je dis :
“Vous détestez les fêtes. Personne ne vient vous voir…” »
C’est tout.
Elle s’était simplement synchronisée à lui (physiquement aussi — mais ça, j’en reparlerai dans un autre article).
Elle avait accueilli ses mots.
Sans chercher à modifier. Sans rassurer. Sans recadrer.
Juste reconnaître ce qui était là.
Ce geste-là, si simple en apparence, crée un lien profond.
Le sentiment d’être entendu.
Le sentiment d’être OK tel qu’on est. Pas jugé, pas recadré, pas ignoré.
Mais par dessus tout, ce jour-là, tout le groupe a réalisé à quel point il est difficile de rester neutre.
À quel point notre mental, nos bonnes intentions, nos pulsions de “vouloir aider” ou “soulager” nous poussent à corriger, rassurer, fuir ou adoucir ce qui dérange.
Mais l’écoute véritable, c’est exactement l’inverse.
C’est rester là, en présence.
Et c’est aussi, pour nous, une expérience puissante de liberté intérieure :
La liberté de ne pas réagir.
La liberté d’agir en conscience.
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Et j’irai même plus loin :
Écouter vraiment l’autre, en silence, crée un espace pour s’écouter soi.
Car si tu es attentif à toi dans ces moments-là, tu vas recevoir toute une vague d’émotions, de sensations, d’informations intérieures.
Et si tu choisis de les accueillir sans chercher à les fuir, sans tenter de rassurer l’autre ou de solutionner quoi que ce soit trop vite,
alors tu franchis une porte.
Une porte vers un espace multidimensionnel et vaste :
celui de la clarté d’esprit, de la conscience.
Dans cet espace, tu deviens conscient de tes réflexes, de tes pulsions,
et grâce à cette position d’observateur — un peu extérieure à ton mental —
tu accèdes à une intelligence plus large.
Une intelligence qui ouvre un champ d’options bien plus vaste
que celui dicté par tes automatismes mentaux.
C’est pour ça que je le répète souvent :
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse dans l'absolu.
Mais tu trouveras la "bonne réponse" à cet instant ci, dans ce contexte là, si tu es dans la zone de conscience,
juste à côté de la zone impulsive du mental. (Bien sûr, sous pulsion, parfois on tombe juste et le conseil qu'on va donner à l'un va marcher une fois, deux fois... mais peut être pas la troisième).
Et l’écoute véritable permet d’accéder à cet espace.
Elle en est la clef.
Pas seulement écouter ce que l’autre dit.
Mais écouter aussi ce qui se passe en toi, pendant que l’autre parle.
C’est tout l’objet de ce blog :
te transmettre, au fil des articles, des outils pour devenir chaque jour un peu plus conscient de toi-même. Ecouter en est un.
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L’exercice le plus simple (et le plus difficile)
Aujourd’hui, je te propose une expérience.
Quand un proche – ton enfant, un ami, un collègue – te raconte quelque chose, joue le jeu de ne rien ajouter de personnel.
Pas d’anecdote en retour.
Pas de comparaison avec ce que toi, tu as vécu.
Pas de “Ah moi aussi ça m’est arrivé !”
Contente-toi d’écouter.
Répète éventuellement les derniers mots de leur phrase pour les relancer, garde le regard connecté, la posture ouverte… et laisse l’autre aller au bout de son monde intérieur.
Très vite, tu vas sentir ton mental s’agiter : il va te proposer des souvenirs similaires, des idées à partager, des phrases prêtes à jaillir pour montrer que tu comprends.
Ne les dis pas.
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Une journée à écouter… sans intervenir
Fais l’exercice pendant une journée entière.
Offre à ceux que tu croises le luxe d’un espace où ils peuvent exister sans interruption.
Tu verras à quel point cette posture est rare… et puissante.
Elle ouvre la porte à une connexion sincère. Elle déplace la relation.
Elle t’en apprend autant sur les autres que sur toi-même.
Et surtout, elle révèle à quel point nos automatismes peuvent étouffer la profondeur d’un échange.
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Ose ne pas savoir
Ose ne pas combler le vide.
Ose ne pas montrer que tu sais.
Ose ne pas orienter la conversation vers toi.
Ose accueillir ce qui vient, même si cela te surprend, même si cela te bouscule.
Ose laisser le temps à l'autre et à toi même.
Tu verras : parfois, le simple fait d’écouter, vraiment, vaut mille conseils ou confidences.
Je parlerai bientôt plus en détail des schémas mentaux qui nous empêchent d’être dans cette écoute pleine et ouverte. Mais commence dès maintenant. Ce "simple" exercice peut transformer ta journée… et ta manière d’être au monde.
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Tu veux aller plus loin ?
Si tu veux gagner du temps, te découvrir en profondeur, et libérer ce qui est déjà là, en toi, clique ici. On en reparle ensemble.
le silence nous parle🙏 Papy
👍oh!!super!! rares sont les personnes qui savent écouter, moi la première 😕. Belle leçon d'humilité🙏🙏